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Alain Guinle
Alain Guinle
Champion du monde de Cyclo-Cross 2008 et 2011
55 Ans
Membre du site : 'Alain.65'
Une nouvelle page gravée dans l'histoire
2008, 2011, 2 dates qui vont rester gravées à tout jamais dans ma carrière de cyclocrossman ça c’est certain...

2 titres de Champion du Monde Masters, inimaginable quand j’ai repris le vélo en 2005 après 9 ans d’arrêt total. C’était ma 6ème participation au mondial de cyclo cross, 3ème en 2006, 4ème en 2007, 1er en 2008, 6ème en 2009, 5ème en 2010….. en 2011, j’avais une chance unique de reprendre mon titre car je rentrais dans une nouvelle classe d’âge au niveau UCI, celle des 55/59 ans. Mais vous imaginez bien que je n’étais pas le seul dans ce cas, ça aurait été trop facile. Cette saison, c’était bien évidemment le titre majeur que je voulais à tout prix….mais pas le seul non plus. En fait, depuis l’an passé, je m’étais mis à l’idée d’essayer de faire un Grand Chelem au niveau des titres sur une saison, mais cette année, en plus des titres habituels, celui de Champion de France Masters FFC me tenait particulièrement à cœur également.

L'incroyable grand Chelem d'Alain Guinle
Je vous passe de suite le 1er, celui de Champion des Hautes Pyrénées UFOLEP, pas trop d’opposition...




Le 2ème, champion de France Masters FFC, celui là oui, j’en suis fier. Nouvelle catégorie d’âge également à ce niveau et 1ère édition de cette catégorie, je ne voulais surtout pas manquer l’opportunité de marquer à tout jamais cette première ligne du palmarès, c’est fait, j’en suis très content... Ceci dit, on le saurait à moins également.




Ensuite, la semaine suivante, c’est le Championnat Régional FFC qui me tendait les bras, mais pas facile car la catégorie regroupait cette année tous les participants à partir de 40 ans... Pas gagné d’avance.. mais justement avec 5’ d’avance sur le second au passage de la ligne d’arrivée, il n’y avait pas photo sur celui là...




Pas plus qu’au Championnat Régional UFOLEP qui n’était qu’une formalité mais bon, il faut un peu de chance aussi car ça peut tourner vite en déconfiture le cyclo cross…mais j’avais de la marge.




Puis direction pour mon 5ème défi, le Mondial, la cerise sur le gâteau, le titre majeur par excellence. Depuis le début de saison, je savais que je marchais bien et je n’y allais surtout pas pour faire 2ème….mais sur le papier ça va….sur place, c’est autre chose. Moi qui arrive à éviter habituellement la pression, figurez vous que ce jour là, je me la suis mise tout seul…. Pourtant tout se déroulait pour le mieux, le matin j’avais des jambes du tonnerre et les 2 tours d’échauffement très faciles allaient confirmer cette impression jusqu’au tirage au sort sur la ligne de départ. Et oui, je suis appelé sur la 1ère ligne, j’ai le meilleur emplacement sur la grille de départ…..et ça commence à se dégrader dans ma tête, j’ai fait le parallèle avec l’édition 2008, mon 1er titre et je me suis dis que je ne pouvais pas manquer celui là…. Oui mais j’ai commencé à cogiter sur la ligne de départ, pourtant dès le start, je me retrouve en tête…et de suite, j’ai paniqué, la peur de la gagne sans doute…au niveau technique, j’étais nul…..tout manqué ce jour là, pas de bonnes trajectoires, aucuns bacs à sable passés correctement, heureusement que le physique était là. Au 2ème tour, obligé de me reconcentrer sur une dizaine de secondes en oubliant la course, ça a marché mais de justesse. 3 secondes d’avance sur le second et 7 sur le 3ème, je m’en contente bien volontiers même 10 cm m’auraient suffit mais bon, en étant à mon niveau habituel, j’avais pas moins de 20 à 30 secondes de marge, ce qui n’était pas le cas ce jour là, tant pis pour moi, au moins j’ai pu apprécié ce titre sur la ligne…..enfin, dans la dernière ligne droite surtout. Ouf, j’ai quand même eu chaud...




Ne restait plus que le National UFOLEP 15 jours plus tard pour parachever cette saison et enfin mettre un point définitif à ce Grand Chelem. Je pensais que ça allait être la course la plus difficile à décrocher vu que la catégorie regroupe les + de 50 ans, donc de nouveaux concurrents en opposition. Bon, résultat, 2’ d’avance sur mon ami Jean Claude Grange au final, enfin, j’ai pu savourer ce défi que je m’étais lancé….et réalisé. 6 titres sur 6 dans la saison, invaincu dans ma catégorie au niveau mondial, le bonheur total mais cette saison exceptionnelle, j’aurais du mal à la renouveler….les années passent pour moi aussi. Mais ne dit on pas que l’espoir fait vivre...





Retrospective sur son titre 2008
Cela fait déjà mon 3ème mondial auquel je participe. 3ème en 2006 et 4ème en 2007. J'avais largement "les jambes" pour avoir ce maillot mais pas de chance, et sur 30' de course si la chance ne vient pas faire un petit coucou, il est presque impossible de se rattraper.


En cyclo-cross, le départ est primordial car cela peut se jouer dans les tous premiers mètres de la course mais au mondial, il y a un tirage au sort des places sur la grille de départ et là, bonjour la loterie. En 2006, j'ai été appelé sur la dernière ligne et l'an dernier carrément le dernier. Pour revenir aux premières loges, je dois donc produire un effort que les autres peuvent s'éviter et la course peut se jouer déjà là. Mais cette année, j'ai été appelé en 2ème position et là j'ai compris que je pouvais enfin avoir un gros espoir. 45 coureurs de 10 nationalités au départ. Ca s'annonçait plutôt bien. Dés le départ donné, je me place en première position mais j'ai eu un problème de dérailleur qui ne veut pas redescendre et je me suis retrouvé en 3ème place. Rien de bien grave. A la sortie de la première partie de sable je suis dans la roue d'un français et j'ai du mal à passer, ce dont profite un hollandais pour prendre 50 m. Je me trouve un peu "diesel" mais j'ai de bonnes jambes donc je ne m'affole pas. Sauf que les gars qui sont derrières moi prennent des risques pour passer à tout prix et je dois éviter absolument la chute donc je me retrouve 5ème à la fin du premier tour. Un petit sprint et je me repositionne en 3ème place, juste derrière un espagnol que je ne tarde pas à dépasser et me voila 2ème.



A la fin du 2ème tour, je suis en seconde position et toujours avec 20 secondes de retard sur le premier. Et en cyclo-cross ça compte 3 ou 4 fois plus que sur route, d'où un retard très important. Et je commence à douter de mes facultés pour le refaire ce retard. Sauf que dans le 3ème tour, je reprends 7 à 8 secondes et là gros coup d'accélérateur, moral à bloc, je me dis que ça peut le faire. Mais j'ai quand même le Champion de Belgique qui est à mes trousses avec 30 à 50 mètres de retard. Donc, pas le droit à l'erreur. Au 4ème tour, je mets la "gomme" et je reviens à l'amorce du dernier tour dans la roue du premier mais je suis gêné par un "doublé" et je reperds une dizaine de mètres. Et je me dis que je vais refaire ce retard facilement sur le goudron de la ligne d'arrivée. Erreur, le premier se remet "à visser" et il me prend 30 mètres. Une excellente relance de sa part à la sortie de la partie de sable et un sprint sur la plage et je me retrouve à 50 m. Et là, petit passage à vide sous le casque et je joue maintenant pour la 2ème place mais avec 30 m d'avance sur le 3ème, je n'ai aucune marge d'erreur. Et je me bats pour conserver ces 30 m jusqu'à la partie roulante du circuit qui me convient le mieux et je refais l'écart avec le Belge. Mais voilà, en me battant pour préserver la 2ème place, je reviens à moins de 500 m de la ligne à 40 m du premier mais dans la partie la plus favorable pour moi et là le déclic.


Tant pis pour la place de 2ème mais je ne veux pas repartir avec des regrets alors je tente le tout pour le tout. Il me faut impérativement revenir à 10 m au plus mal avant les 250 derniers mètres goudronnés si je veux avoir une chance au sprint. Et super, ça marche, je reprends mètre par mètre et dans les 50 derniers mètres sur terre, je tombe déjà les dents de la cassette pour être prêt pour le sprint. Pensez un peu, 10 mètres de retard à 250 m de la ligne pour le titre de Champion du Monde. Dans les 500 derniers mètres, je n'ai fais que me dire "fais le sprint de ta vie, fais le sprint de ta vie...." Plus que ça dans ma tête… On est tous les deux sur la route et le sprint est lancé dés les premiers mètres goudronnés mais sur les 50 premiers mètres justement, je n'en reprends pas un seul et je me dis que ça va pas être bon mais voilà, il se retourne et la j'ai su que c'était bon pour moi, j'ai mis tout ce que j'avais dans les tripes et à 50 mètres de la ligne, je le passe et il s'arrête de pédaler et à sa hauteur, je lève déjà les bras (ce que je ne recommanderais jamais à un jeune de faire mais bon....). Il sait et moi aussi. Il a perdu le titre à 50 mètres de la ligne et moi je suis CHAMPION DU MONDE.





Après je vous fais grâce de la suite: podium, cérémonie protocolaire, remise du maillot..... Marseillaise en terre belge, la patrie du cyclocross, ceux qui connaissent la passion et le niveau des belges peuvent aisément s'imaginer ce que cela représente. Depuis, j'ai refais 50 fois la course et je me demande toujours comment j'ai été chercher ce maillot mais je me mets aussi à la place du 2ème, en tête du début à la fin, et lui aussi a du refaire la course et il doit toujours se demander comment ce n'est pas lui le ...CHAMPION DU MONDE.



Mais bon, la chance a choisi son camp cette année et tant mieux pour moi. Parce que à 52 ans, quand il passe ce titre devant la porte, il faut le faire rentrer et pas se dire que peut être l'année prochaine.... Mieux vaut tenir qu'espérer. Il y a une vingtaine d'année de cela, il y avait une quinzaine de cyclo-cross dans les Hautes- Pyrénées, seulement 2 l'an passé en FFC, cette saison 5 (2 en FFC et 3 en UFOLEP), alors pourquoi ce maillot ne redonnerais t il pas envie aux clubs d'organiser à nouveau une épreuve de ce type et, comme le fait le TARBES CYCLISTE COMPETITION, de donner l'occasion aux jeunes de goûter à cette discipline avec des résultats de haut niveau à l'instar des cadets et juniors du TCC ? Quelle joie je me ferais de porter ce beau maillot dans les Hautes Pyrénées. Est ce que cette idée est encore plus utopique que de vouloir gagner un championnat du monde ? Ce sera mon seul voeu cycliste pour 2008.


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