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Une légende est partie rejoindre les étoiles!! |
22/05/2021
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Sports,Cyclisme
Robert Marchand, plus vieux sportif et cycliste de la planète, est mort à 109 ans
Le centenaire s’est éteint dans la nuit de vendredi à samedi au terme d’une très longue, très riche et incroyable existence.
Robert Marchand, disparu à l'âge de 109 ans, était le plus vieux sportif du monde. AFP/Joël Saget
Robert Marchand, disparu à l'âge de 109 ans, était le plus vieux sportif du monde. AFP/Joël Saget
Par Eric Michel et
Sophie Bordier
Le 22 mai 2021 à 10h50
On le pensait aussi increvable que ses vélos. Âgé de 109 ans, le cycliste seine-et-marnais Robert Marchand s’est éteint dans son sommeil dans la nuit de vendredi à samedi 22 mai dans l’Ehpad où il vivait à Mitry-Mory (Seine-et-Marne). « Robert, c’était un grand champion, quelqu’un qui faisait rêver et qui gardait la tête sur les épaules. C’était aussi un ami, quelqu’un de très engagé syndicalement et politiquement à gauche ! C’était l’image de notre ville », salue Charlotte Blandiot-Faride (PCF), maire de Mitry-Mory.
« Il était toujours présent dans les manifestations comme lors des élections municipales de 2020 dans les points rencontres avant le confinement ». Le champion avait légué à la ville de nombreux objets tels qu’un vélo, des maillots, des coupures de presse, etc., le tout présenté dans une exposition perpétuelle au gymnase Ostermeyer de Mitry. Car Robert Marchand n’était pas n’importe qui.
98 Tours de France suivis de près ou de loin
Né le 26 novembre 1911, il se souvenait de l’entrée des troupes allemandes avec le casque à pointe dans les rues d’Amiens, sa ville natale, à l’été 1914. Il se rappelait des cloches des églises annonçant l’armistice du 11 novembre 1918. Robert Marchand n’avait pas encore 7 ans. Il a connu deux guerres mondiales, traversé la vie sous dix-sept présidents de la République. L’éternel cycliste a eu 25 ans sous la présidence d’Albert Lebrun, 50 ans sous Charles de Gaulle, 75 ans avec François Mitterrand et fêté son centenaire sous la présidence de Nicolas Sarkozy, en 2011. Quand Emmanuel Macron est venu au monde en 1977, il avait déjà 66 ans.
Lui, le fan de bicyclette, a pu suivre de près ou de loin 98 Tours de France. Diminué et fatigué, il était encore devant sa télé lors de l’arrivée du dernier en date sur les Champs-Élysées le 20 septembre. Il a vécu sur trois continents, était veuf depuis le début des années 1940. Militant communiste convaincu, il a vu le jour neuf ans avant la naissance du PCF en 1920.
Il était un phénomène. « Mais non, je ne suis pas un phénomène, pas du tout ! Juste un type simple et normal, tout ce qu’il y a de plus normal, croyez-moi », disait-il souvent à qui voulait le croire sur ce point. Ils n’étaient pas nombreux à être d’accord.
Il était la mémoire du siècle dernier, le témoin privilégié d’un temps passé qu’on regarde avec sagesse et nostalgie. Il était devenu avec le millénaire naissant, la mascotte d’une nation attachée à sa personnalité, impressionnée par sa santé débordante et admirative de ses exploits sur un vélo à 100 ans bien tassés. Il était devenu de ce fait, le sportif le plus âgé sur cette bonne vielle Terre. « Les gens ne connaissent pas forcément le nom du dernier vainqueur du Tour de France, mais ils connaissent Robert Marchand », disait son ami Gérard Mistler.
Il était devenu une mascotte
Au fil de ses quelque 40 000 jours d’existence, le vieil homme avait tout vu, tout connu. Il n’avait pourtant pas atteint cet âge canonique, rare, inoui en restant assis confortablement derrière un bureau, dans une existence bien rangée. C’est ce qui le rendait incroyable, au sens premier de ce terme.
Robert Marchand a été tour à tour gymnaste de haut niveau et pompier de Paris dans les années 1930 : « Je faisais aussi du vélo, nous disait-il dans un sourire. Mais le gars qui s’occupait de mon club m’a dit que j’étais trop petit (1,58 m) et que je n’arriverais jamais à rien. Alors j’ai arrêté, mais ça me fait bien rigoler aujourd’hui, même si je ne peux pas me moquer de ce bonhomme qui n’est plus là depuis longtemps.
À la fin des années 1940, fuyant la France après des actes de Résistance, Robert Marchand est devenu planteur de canne à sucre au Venezuela, pendant huit ans : « Un jour, on a trouvé une caisse de pistolets dans le camion que je conduisais. Elle n’était pas à moi, mais on m’a fait des misères. J’ai quitté le pays vite fait. » Les années 1950 le trouvent comme bûcheron au Canada. Lors de la décennie durant laquelle de Charles Gaulle dirige la France, il revient au pays et devient maraîcher, vendeur de chaussures et négociant en vin.
Plus tard, pour meubler une maigre retraite, il redécouvre l’objet qui fera sa gloire : le vélo. Il devient son ami et le jour où il fête son 100e anniversaire, en novembre 2011, il établit le record de l’heure pour un centenaire : « Attention, prévenait-il, je fais bien la distinction entre le battre et l’établir. Ces records-là, personne ne les a faits avant moi, je suis le premier à le tenter donc je l’établis. Ça fait de moi le plus vieux sportif du monde. C’est ce qu’on m’a dit en tout cas. C’est spécial, non ? »
Oui, c’était spécial et phénoménal, comme l’était le corps de cet homme qui avait découvert le secret de la cure de jouvence. Car, oui, plus le temps passait et plus Robert Marchand rajeunissait. « Son infirmière me disait qu’il avait un pouls qui battait à 55 pulsations/minute et une tension à 12,6. Robert m’épatait chaque jour », admirait son ami et voisin Christian Bouchard. Il avait 109 ans, mais le cœur d’un jeune homme de 60 ans : « Ne me demandez pourtant pas comment je vais, grognait le vieil homme au caractère bien affirmé pendant le confinement. Je vais mal, comme d’habitude ! J’ai la maladie des gens qui ont 108 ans et j’en ai marre de l’avoir ! »
Son cœur ne voulait pas s’arrêter
Ce cœur solide était en fait aussi son malheur. En 109 d’existence, Robert Marchand, qui n’a pas eu d’enfant, a vu partir tous ceux qu’il aimait ou presque. Enfant d’une famille de dix frères et sœurs, il a encore deux sœurs toujours en vie, qui elles aussi ont allègrement dépassé 90 ans. Pour pointer la force de son destin, une de ses sœurs a été assassinée il y a longtemps. Son épouse est partie en 1943 ce qui fait qu’il était veuf depuis 77 ans, un record mondial sans doute là aussi.
Voir partir les siens, ne plus pouvoir monter sur un vélo par peur de la chute, tourner en rond dans son petit appartement de Mitry-Mory (Seine-et-Marne) Robert Marchand en avait marre. Il disait à ses proches ces derniers mois qu’il voulait que son foutu cœur si extraordinaire, objet d’interrogation de tous les scientifiques le laisse tranquille et cesse de battre dans sa poitrine. Il voulait partir dans son sommeil sans forcer l’ordre des choses.
Son cœur a mis du temps à lui donner cette faveur. Il a fini par lui accorder ce droit au repos et à la paix après 109 d’une vie riche, tellement riche. Et unique.
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23/05/2021
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en apprenant la nouvelle j'ai été peiné ,il était très attachant , la mort est toujours triste ,mais a la lecture du récit ci dessus ,il doit être soulagé, j'espère, que le monde du cyclisme lui rendra hommage, ce fut un bel ambassadeur.
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