07/04/2013
EVCC BERGERAC
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La Ré Qué Diou - Ambiance.
Rien que Dieu. Lorsque Hélie Talleyrand de Périgord, ordonné Cardinal-prêtre prit pour devise "Ré Qué Diou", il était surement loin de penser que près de sept siècles plus tard, deux cent soixante pratiquants (de la petite reine) formeraient un défilé chatoyant dans la campagne du Sud-Saintonge. Heureusement, du ciel rien n'est tombé ce jour-là, qui ne vienne mouiller la mitre du cardinal, blason de la province de Saintonge. Il s'en fallu de peu. Mais la bise se leva sur la plaine, dernier soubresaut de l'hiver défiant le printemps. Blotti sur le siège arrière, hésitant à quitter le confort tiède de la voiture, j'enviais le directeur sportif qui resterait bien au chaud, ventilation réglée sur trois, tandis que nous devrions en découdre avec ce vent froid. Je pensais qu'il fallait être drôlement passionné pour mettre son nom de baptême sur la feuille d'engagement. Même le café chaud ne suffisait pas à me convaincre que la chaleur générée par l'effort suffirait à me réchauffer. Je regardais les autres, gardaient-ils leurs jambières, découvraient-ils leurs bras ? Moi-même je ne savais que faire. Ce n'était qu' un détail vestimentaire, mais déjà un premier sujet de réflexion à une demi-heure du départ. Broutille anodine mais non négligeable. Deux cent soixante concurrents sur la ligne de départ. Quelques attardés volontaires, ou opportunistes, se positionnent en avant de la ligne pour ce faux-départ. Départ lancé après les voitures et c'est parti. Un périple à travers la campagne du Sud- Saintonge qui ne me laisse guère le temps d'admirer le paysage. Que les organisateurs me pardonnent, mais, es-ce ma concentration sur la trajectoire, ou le temps grisonnant, je n'ai pas eu le temps d'apprécier le décor, justement pour éviter de le caresser de trop près. Sans chauvinisme aucun, je préfère mes routes verdoyantes et tortueuses du Périgord.
Cela dit, je ne suis pas là pour faire du tourisme, mes copains cyclistes me le rappellent vite.
J'essaie de faire la course en tête, mais la bise qui nous tourne autour, jouant avec nous, tantôt à bâbord, tantôt à tribord, ou vent debout, a raison de nous. Elle use l'organisme comme une lame qui ronge le muscle, et finit par nous affaiblir. Es-ce la peur d'affronter ce vent qui fera sous-vent, ou souvent avorter quelques échappées ? Les routes sont étroites et sinueuses à souhait, mais rien n'y fait. La sélection semble se faire par l'arrière. A l'avant les anges de la route nous protègent. Je ne peux m'empêcher d'en remercier un d'un pouce levé, tant ils ont assuré. Aux carrefours les bénévoles drapés de leurs chasubles comme armures tendent leurs drapeaux. Et nous passons. Cortège d'anonymes. Enfin, la dernière côte. Quinze pour cent. Trop près de l'arrivée. Et surtout erreur de braquet. Grosse plaque, faut être c…! Dans ces conditions, pas de relance possible, je passe au sommet en seconde position, et j'attends le sprint, résigné. Je sais que des jambes plus jeunes auront raison de moi sur ce genre d'arrivée. Je me contenterai de la troisième marche du podium, celle du Saint-Esprit, à la droite du vainqueur. Il est vrai que je pourrai être son père et le grand-père du second, alors un peu d'esprit ne fera pas offense au tout-puissant. Pas si mal déjà. Et je ne peux m'empêcher de penser que je viens d'être le témoin, peut être grâce à Dieu, "Ré Qué Diou", d'une superbe messe à la gloire du cyclisme amateur. Merci aux organisateurs.
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