02/02/2012
Vélo Club Canton Marennais
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Juste pour partager avec ceux que cela intérressent et qui se souviennent de ces anciens grands coureurs appelés de l'autre coté des Alpes:Campionissimo.
Gino le juste
Gino Bartali jouit d'une aura immense en Italie. Respecté pour son palmarès, admiré pour son talent, et adoré pour sa personnalité unique, le Toscan est une véritable légende de l'autre côté des Alpes. Mais 12 ans après son décès, c'est peut-être la page la plus glorieuse de son existence qui est en train d'être mis au jour. Bartali est sur le point d'être proclamé "Juste parmi les nations" par l'état d'Israël, pour son rôle pendant la Deuxième Guerre mondiale. Par son activité clandestine, Bartali aurait contribué à sauver la vie de centaines de juifs. "Gino le Pieu", ainsi qu'il était surnommé, était aussi "Gino le Juste".
L'Italie a longtemps été déchirée entre les Bartalistes et les Coppistes. Mais pendant la guerre, c'est une fracture bien plus terrible qui a meurtri le pays, entre les fascistes et les résistants au régime de Benito Mussolini. Bartali était toujours resté discret sur l'attitude qu'il avait eue pendant la première moitié des années 40. On savait qu'il avait pris part à des activités clandestines, mais il n'avait jamais voulu revenir dessus publiquement. Il avait même insisté auprès de son fils, Andrea, pour que personne ne sache ce qu'il avait fait exactement. "Le bien, c'est quelque chose que tu fais, pas quelque chose dont tu parles, avait-il évoqué un jour. Je ne suis pas un héros. Les héros sont ceux qui ont souffert dans leur chair."
On doit notamment la découverte du passé de Gino Bartali à Paolo Alberati. Cet ancien coureur professionnel italien, né en 1974, était aussi un étudiant en sciences politiques il y a quelques années. En 2003, il rencontre Ivo Faltoni, l'ancien mécanicien de Bartali. Une des très rares personnes ayant connaissance des activités clandestines du champion pendant la guerre. Faltoni n'en dit ni trop ni trop peu, mais, après coup, Alberati décide de mener des recherches. En accédant à des documents de la police d'état de l'époque et auprès du Ministère de l'intérieur, il découvre la véritable nature du comportement de Bartali à cette époque. Il l'a raconté au quotidien italien Il Sole, 24 oro. "J'ai trouvé des dossiers consacrés à Bartali établis par des policiers qui avaient infiltré le milieu du cyclisme et du journalisme sportif. Bartali était espionné parce que la police s'interrogeait sur les motivations de ces prétendues séances d'entrainement sur des parcours longs de centaines de kilomètres." Si Bartali n’a jamais été inquiété, c’est notamment grâce à la clémence des soldats italiens et allemands. Quand ils le voyaient, ils lui demandaient des autographes…
En 1943 et 1944, rapporte le quotidien transalpin, Bartali aurait effectué une quarantaine de sorties à vélo, notamment entre Florence et Assise. A l'insu de ses proches et même de son épouse. Il dissimulait dans le cadre de son vélo ou sous sa selle des documents et de l'argent destinés à procurer à des juifs de quoi fabriquer des papiers et financer leur départ d'Italie, souvent vers la Suisse, puis les Etats-Unis. On estime à 7 000 le nombre de juifs italiens qui ont été déportés au cours de ces deux années, lorsque les troupes allemandes ont occupé la Botte suite à l'invasion de la Sicile par les forces alliées. Andrea Bartali raconte aussi que son père se rendait souvent jusqu'à Gênes pour y rencontrer un avocat juif, lequel lui confiait de l'argent issu d'un compte ouvert dans une banque suisse, sur lequel des juifs du monde entier plaçaient de l'argent. Le coureur le distribuait ensuite à des familles juives qui se cachaient à Florence.
A titre posthume, Gino Bartali devrait donc prochainement être proclamé "juste parmi les nations", un titre accordé par Israel à tous les étrangers ayant risqué leur vie pour sauver la vie de personnes juives durant la guerre. Un arbre est alors planté en leur honneur dans le jardin du Mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem. Mais pour être intronisé de façon officielle, il est nécessaire de trouver des témoins. "La procédure suivie par Yad Vashem est compliquée, explique Andrea Bartoli. Il faut des témoignages, au moins indirects, de gens qui ont été sauvés par la personne concernée." Il y a quelques mois, un journaliste américain a lancé un appel à témoins. "Une femme de 88 ans qui vit à Tel Aviv aujourd'hui a répondu, confie le fils de Gino le pieux, ainsi qu'un avocat de Florence. Il m'a dit 'je ne serais pas né si votre père n'avait pas aidé et protégé mes parents." La guerre a privé Gino Bartali de ses plus belles années de champion. Mais elle a permis à l'homme de se distinguer plus fortement encore.
Grazie mil à un de mes anciens copains de vélo JLB du Val de Marne pour cet envoi.
GiosTorino
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